SQO
 
2024

Conseillère ou conseiller d’orientation : une profession méconnue en relation d’aide

2024 | 2024-11-03
SQO - semaine québécoise de l'orientation
Par Sophie Duquette, conseillère d’orientation en pratique privée

Je suis conseillère d’orientation depuis plus de 15 ans. J’ai un souvenir assez précis de mon premier contact avec l’orientation. J’étais en secondaire 4, une dame (oui, une dame, car conseiller d’orientation, je ne savais pas que ça existait) était venue en classe me donner mes résultats de mon test de personnalité. J’ai reçu le papier entre mes mains et elle m’a simplement dit : tu t’en vas travailleuse sociale. Je me souviens d’être retournée m’asseoir et me demander pourquoi elle m’avait dit cela. Aucune explication, aucune analyse et aucune interprétation générale en groupe. Travailleuse sociale… ça mange quoi en hiver? Ça ne me tentait pas plus qu’il faut. J’étais intéressée par la psychologie et je ne savais pas qu’il existait d’autres professions en relation d’aide. Je me souviens d’avoir pris rendez-vous avec elle, mais je n’ai aucun souvenir de ce qu’elle m’a dit. Ce dont je me souviens, c’est que ça a duré 15 minutes et je n’étais ressorti avec rien de plus à réfléchir.

En secondaire 5, je me suis inscrite au cégep en sciences humaines dans le but d’aller en psychologie. Je ne savais pas plus ce qui existait comme profession en relation d’aide en 1999 ni ce que ça impliquait réellement m’en aller en psychologie. J’ai donc effectué mon choix en fonction de ce que je croyais. J’ai passé à travers mon cégep avec la même idée en tête et sans trop chercher d’autres options.

À l’université, j’ai déchanté rapidement. Au milieu de ma 2e session, j’ai commencé à avoir des doutes et surtout voir que d’accéder à la profession de psychologue serait plus compliqué que je croyais. À l’UQAM, un service d’orientation scolaire et professionnelle existait, mais il fallait passer par le conseiller en information scolaire avant d’y accéder. La dame à l’accueil m’a demandé mon nom et mon programme et me mentionne que je suis la 10e provenant du baccalauréat en psychologie qui venait consulter cette journée-là. J’ai abouti dans le bureau de la conseillère d’orientation rapidement et j’étais désemparée, ne sachant plus du tout ce que je voulais faire.

La conseillère d’orientation a pris le temps de m’écouter et de me rassurer et par la suite, elle m’a fait faire un test de personnalité, l’a analysé et interprété avec moi et m’a aidé à trouver une nouvelle formation. Elle me suggérait d’aller en développement de carrière pour aller en ressources humaines vu que je n’étais pas doué en mathématique, mais mon idée était déjà faite. J’ai tellement aimé mes deux rencontres que je voulais effectuer son travail, conseillère d’orientation. Je me suis donc inscrite en développement de carrière et j’ai poursuivi ma route dans ce merveilleux domaine. J’ai adoré mes études. Je me suis souvent demandé pourquoi est-ce un domaine d’étude et une profession qu’on ne valorise pas plus que ça. Pourquoi est-elle si méconnue dans le domaine de la relation d’aide?

Il existe quelques préjugés en lien avec ma profession. La 1re question qu’on me pose régulièrement dans les rassemblements familiaux : tu travailles dans quelle école? Et non, je ne travaille pas dans une école. Je suis en pratique privée depuis près de 10 ans et j’ai travaillé dans un Carrefour jeunesse emploi pendant 6 ans. Oui, j’ai fait des contrats de remplacements dans les écoles secondaires, mais sans plus. Un conseiller d’orientation peut travailler en milieu organisationnel, dans un CISS de sa région, en réhabilitation, en milieu carcéral, etc.

Un conseiller d’orientation, c’est pour les jeunes du secondaire seulement. Non, ce n’est pas ma seule clientèle. Je vois également des jeunes du cégep, de l’université, des travailleurs en burn-out, en dépression, des gens qui rencontrent des difficultés de santé mentale et/ou physique de toutes sortes, qui sont en congé de maternité et des jeunes parents. Je vois également le travailleur qui se remet en question et qui a 30 ans, 40 ans, 50 ans et même 60 ans. J’accompagne des gens qui veulent préparer leur retraite, car oui, une retraite, ça se prépare, car de nos jours, une retraite, ça peut durer longtemps. J’ai également une clientèle qui me provient de l’IVAC, de la SAAQ, de la CNESST, des assurances et de Service Québec. Je les accompagne dans leur deuil de leur identité et je les écoute beaucoup surtout au début de la démarche.

Le travail définit notre identité et donne un sens à notre vie. Si on perd ce sens, c’est important d’être à l’écoute et de vivre nos émotions avant de se chercher un nouvel emploi ou une nouvelle formation. J’accompagne les gens dans leur deuil et dans leurs questionnements en lien avec leur identité et leur carrière ou future carrière. C’est là où réside notre force en tant que conseiller d’orientation et qui nous distingue des autres professions en relation d’aide.

Sophie, tu dois tout savoir sur les formations et les emplois qui existent? Non je ne connais pas tout et je suis loin de tout connaître. Le marché du travail change et est en continuel changement. J’apprends sur les métiers et les professions tous les jours. J’ai des outils et des collègues précieux pour trouver mon information et même mes clients m’en apprennent régulièrement.

Au secondaire et au cégep, je ne savais pas ce que c’était un conseiller d’orientation et que l’on pouvait exercer ce métier. En sortant de l’Université de Sherbrooke, en 2008, je trouvais que je faisais le plus beau métier du monde. En 2024, en vous écrivant, je trouve encore que je fais le plus beau métier du monde et je ne ferais pas un autre métier. Je soutiens, j’accompagne et j’outille les jeunes et les moins jeunes à tous les jours sur divers sujets liés au changement de carrière et l’orientation professionnelle. C’est la plus belle des professions en relation d’aide et j’aime être conseillère d’orientation.


 
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