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Portraits de c.o.

Récit professionnel de Geneviève Proteau, c.o. : l’orientation au coeur des équipes interdisciplinaires en réadaptation

Portraits de c.o. | 2024-10-01
SQO - semaine québécoise de l'orientation

Geneviève Proteau, c.o., cheffe d’équipe en réadaptation, Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail.

Entrevue et rédaction par Eloïc Lévesque-Dorion, étudiant à la maîtrise en counseling de carrière à l’Université du Québec à Montréal

Geneviève Proteau est conseillère d’orientation depuis15 ans. Elle travaille depuis une dizaine d’années en réadaptation au sein de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST). Depuis 2020, elle est cheffe d’équipe et se consacre à la réussite des membres de son équipe de conseillers et de conseillères en réadaptation. De plus, elle est présidente du Comité d’accès et de contrôle de l’exercice de la profession (CACEP) de l’Ordre, comité dans lequel elle s’est engagée depuis son adhésion en 2009. En outre, elle offre aussi de la formation et du tutorat concernant l’éthique et la tenue de dossier à l’OCCOQ.

Ayant grandi avec des parents évoluant dans le secteur de la santé, Geneviève semblait prédestinée à travailler en réadaptation. Pourtant, c’est le résultat de diverses expériences qui l’ont menée en premier vers l’orientation puis vers le secteur de la réadaptation. 

Maintenant cheffe d’équipe à la CNESST, Geneviève Proteau croit que les personnes conseillères d’orientation ont un rôle important à jouer auprès des personnes accidentées. Après plus de dix ans d’expérience dans ce secteur, elle s’efforce à démystifier l’intervention en réadaptation : facteurs psychosociaux multiples, collaboration auprès d’équipes multidisciplinaires et résolution créative de problème, on est loin de s’ennuyer avec cette clientèle !

Un parcours menant à la réadaptation

Très tôt, on reconnaît chez Geneviève le talent de l’écoute puisqu’elle joue naturellement le rôle de confidente pour ses proches. À la blague, elle raconte même avoir tendu l’oreille à sa propre conseillère d’orientation au cégep. Après un baccalauréat en psychologie à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), elle découvre l’orientation par l’entremise d’une amie ergothérapeute qui lui parle de réadaptation. Au cours de sa maîtrise en orientation à l’Université Laval, elle travaille comme agente administrative au Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) de la Capitale-Nationale, anciennement CLSC Orléans, et termine un stage dans le même milieu. Sa professionnelle associée lui suggère à ce moment de découvrir les multiples intervenants oeuvrant pour le bien-être des patients, conseil qui lui sera fort utile par la suite.

À la fin de sa maîtrise, le manque d’occasions au sein du système de santé la pousse à se relocaliser à Montréal. Elle travaille alors comme c.o. et responsable de projet au sein du Carrefour Jeunesse emploi (CJE) Centre-Nord, où elle oeuvre auprès d’une clientèle variée et multiculturelle. Quatre ans plus tard, elle reçoit un appel de la CNESST. Malgré ses appréhensions envers la fonction publique, elle décide de faire le saut.

«J’y ai découvert un milieu avec des gens qui sont tout sauf gris comme les paravents.»

Travailler en interdisciplinarité pour le bien-être des individus 

Geneviève a travaillé pendant sept ans comme conseillère en réadaptation. Elle occupe le poste de cheffe d’équipe depuis 2020. Le rôle d’une conseillère en réadaptation concerne la prise en charge des personnes à la suite de leur accident de travail et jusqu’à leur éventuelle réinsertion en emploi. Elle considère les c.o. comme ayant toutes les capacités pour effectuer ce travail étant donné leur formation à l’évaluation du fonctionnement psychologique, des ressources personnelles et des conditions du milieu. 

Cependant, être c.o. n’est pas un prérequis pour l’emploi. Avant tout, le rôle d’une conseillère ou d’un conseiller en réadaptation est d’accompagner l’individu au fil de son processus de réadaptation en sollicitant et mobilisant différents acteurs, notamment venant du secteur de la santé. D’où l’importance de développer une bonne connaissance du milieu. Le processus d’orientation étant une étape importante pour plusieurs personnes accidentées, la conseillère en réadaptation qui porte aussi le chapeau de c.o. peut choisir, à sa discrétion, d’accompagner elle-même la personne ou de la référer à l’externe.

«Depuis le temps, j’ai développé mon réseau de collaborateurs. L’orientation est presque toujours bénéfique pour cette clientèle.»

Appliquer les compétences d’intervention au leadership

Juste avant la pandémie, Geneviève prend le rôle de cheffe d’équipe à la CNESST. Elle agit à titre de bras droit à la gestion en occupant un rôle-conseil. Après avoir nourri un intérêt pour la supervision pendant plusieurs années, c’est par le truchement du développement professionnel et de la réussite des membres de son équipe de conseillers et conseillères en réadaptation qu’elle réalise son rêve. En tant que c.o., la rigueur, l’éthique et le professionnalisme sont des valeurs qu’elle véhicule au sein de son équipe. Ces valeurs s’expriment par la formation, mais aussi par le contrôle de la qualité des dossiers. 

Pour concilier le changement de posture d’intervenante à leader, l’ancienne cheffe d’équipe lui partage tout bonnement que les membres de l’équipe qu’elle dirige sont maintenant ses clients. Ses compétences en accompagnement sont transférables dans ce nouveau rôle. Mais, comme en accompagnement, il faut savoir quand prendre un pas de recul et laisser les personnes sous notre responsabilité trouver leurs propres solutions.

«Parfois, lorsque nous sommes promus, nous avons l’impression qu’il faut standardiser le travail de nos équipes selon nos façons de faire. Cependant, il s’avère plus judicieux de travailler avec les forces de son équipe tout en assurant l’atteinte des résultats.»

S’engager au sein d’une communauté professionnelle

S’engager fait partie de l’identité de Geneviève. Tout au long de sa scolarité, elle participe avec candeur à divers comités. C’est donc une évidence pour elle de joindre les rangs du CACEP de l’Ordre lorsqu’elle obtient son titre de conseillère d’orientation. 

Dans le cadre de son emploi au Carrefour Jeunesse emploi Centre-Nord, elle travaille auprès d’une clientèle immigrante vivant des défis de reconnaissance des acquis. Son engagement au sein du CACEP lui permet de concilier les parcours d’adhésion aux ordres parfois compliqués à l’importance d’une reconnaissance juste et équitable des compétences. Pour Geneviève, cet engagement se résume à travailler en équipe, dans le plaisir, à évaluer les candidatures, se questionner sur ses biais et assurer un traitement équitable des dossiers à l’accès de la profession. Elle souligne l’accueil particulièrement chaleureux qu’elle a reçu dès le départ. À titre de présidente du CACEP, elle veut offrir une expérience similaire aux personnes c.o. intéressées à aller de l’avant. 

Geneviève Proteau est aussi formatrice puis tutrice en éthique et en tenue de dossier à l’Ordre. Grâce à l’influence de sa mère, infirmière titulaire d’une maîtrise en bioéthique, elle a toujours porté une attention particulière à l’éthique. Cet intérêt se développe naturellement au cours de sa participation aux diverses formations offertes par l’Ordre. Son enthousiasme est remarqué :Geneviève propose sa candidature en tant que formatrice. Depuis, elle accompagne sous différentes formes les c.o. actuels ou à venir dans cet aspect de leur pratique.

«Ce sont vraiment les rencontres que nous faisons dans le cadre du travail qui me motivent à continuer. J’aime suivre l’évolution et l’épanouissement les personnes auxquelles j’apporte de l’aide.»

Construire sa vie de manière cohérente

En retraçant le parcours de Geneviève, il est possible de remarquer la cohérence entre ses valeurs et ses projets professionnels. Autant dans son travail de cheffe d’équipe que dans ses engagements, le développement et la rigueur sont au centre de ses activités professionnelles. Le bien-être des individus fait partie de ses priorités : de près avec l’intervention directe et de loin en soutenant intervenantes et intervenants. 

Durant l’entrevue, elle a mentionné l’apport de plusieurs personnes qui lui ont généreusement offert des conseils et des occasions professionnelles. C’est maintenant son tour d’offrir la même chose aux générations montantes. D’ailleurs, lorsque Geneviève n’est pas au travail, elle part à la découverte du monde avec sa jeune fille grâce aux activités culturelles, sportives et, même, gustatives. Il semblerait que mère et fille partagent toutes les deux un caractère affable et, surtout, beaucoup de curiosité !

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